Relations de couple
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Couple: Dois-je rester ou dois-je partir ?

L’ambivalence relationnelle, ces pensées et sentiments contradictoires d’amour et de haine, d’attraction et de dégoût, d’excitation et de peur, pousse à se demander sans cesse : doit-on rester ou partir.

Auteur:
Claude Lefort
2024-12-15
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Vous êtes-vous déjà retrouvé dans une relation trop malsaine pour y rester, mais trop passionnée pour y mettre fin ? Ou bien vous vous séparez et vous vous remettez ensemble sans cesse ?

Quiconque a vécu ce type de relation en dents de scie le sait : quand c’est bien, c’est merveilleux. Et quand c’est mauvais, c’est infernal.

L’ambivalence relationnelle — ces pensées et sentiments contradictoires d’amour et de haine, d’attraction et de dégoût, d’excitation et de peur — pousse sans cesse à se demander : doit-on rester ou partir ? Cette incertitude est épuisante, non seulement pour les personnes impliquées dans la relation, mais aussi pour leur entourage.

Ces relations suivent un rythme bien précis : on se dispute violemment, on décide de rompre, et on finit par se séparer. Mais avec le temps, lorsque les émotions s’apaisent et que l’étouffement se dissipe, les vulnérabilités profondes sont momentanément soulagées. Une petite voix commence alors à murmurer : « Et si on se revoyait ? » Et si on en parlait ? Souviens-toi à quel point c’était merveilleux… quand tout fonctionnait bien. L’un des deux finit peut-être par reprendre contact. Ou peut-être l’autre. Ils se retrouvent dans un café, ou mieux encore, dans un bar, où l'on peut facilement entamer une conversation.

Et tout à coup, on redécouvre que l'on est si doués pour communiquer. Aucun sujet sensible n’est abordé. Du moins, pas de manière négative. C’est léger, flirtant. On se reconnecte, on se désire. Quelle folie d’avoir abandonné cela, n’est-ce pas ? Nous y avons investi tellement. Et cette relation a tant de potentiel.

Petit à petit, regard après regard, on se rapproche… pour tout faire exploser à nouveau au bout d'une semaine. Parfois, on décide que la meilleure façon de sortir de ce cycle est de suivre une thérapie de couple. Et on ne tient qu’une seule séance. Le thérapeute nous dit que la relation était sans issue. On met un terme au couple, mais quelques jours plus tard, on regrette déjà.

Du point de vue d'un thérapeute, prendre position en faveur d'une rupture avec des couples figés dans l’ambivalence peut briser le cycle. Si le couple est d'accord avec cette position, il ressentira un soulagement à l'idée de recevoir l'autorisation qu'il ne pouvait pas se donner lui-même. S’il n’est pas d’accord, il s’unira contre le thérapeute au lieu de rester bloqué l’un contre l’autre.

Sans une position claire du thérapeute, celui-ci aurait rejoint leur danse — explorant le positif une semaine et le négatif la suivante, perpétuant les montagnes russes. On ne doit pas devenir ce que l'on appelle, dans le jargon thérapeutique, « le mainteneur homéostatique ». Parfois, le couple est davantage servi en encourageant une prise de position sans ambivalence. Cela dit, après avoir pratiqué la thérapie pendant des décennies, je peux affirmer que prendre position n’est que rarement aussi simple.

Une partie de ce qui rend l’ambivalence relationnelle si difficile à vivre est qu’elle est souvent un élément central de nos relations les plus importantes. Combien d’entre nous éprouvent des sentiments contradictoires envers leurs propres parents ? Envers le frère ou la sœur qui n’a jamais remboursé sa dette ? Ou envers l’ami cher, mais égocentrique ? Ou envers notre travail ? Ou même envers l’endroit où nous vivons ? Bien sûr, il existe des situations où nous devons prendre une décision définitive : rester ou partir. Mais il existe tout autant, voire plus, de situations où notre capacité à accepter notre ambivalence est le signe d'une compréhension et d'une acceptation des complexités de la vie.

Avec le temps, le défi devient le suivant : comment savoir quand il est temps de résoudre la tension et quand il est temps d'accepter les contradictions ? Cela demande de la pratique et de la patience. La patience est également une forme d'action. Ce n’est pas pour autant de la passivité pure. Il ne s'agit pas de résignation.

L’ambivalence relationnelle fait partie intégrante du lien affectif et social. Elle est inhérente à toute relation.