Il existe une grande confusion sur les titres, les compétences et les approches thérapeutiques qui différencient les diverses catégories de professionnels de la santé mentale. Un "psy" peut en effet être psychologue, psychiatre, psychanalyste, psychothérapeute, ou bien appartenir à plusieurs de ces professions.
Le choix du professionnel
Voici donc quelques éléments pour s'y retrouver, avant de parler des critères de choix en fonction de ses besoins et de ses préférences:
Les psychiatres ont une formation médicale. Ils sont donc orientés vers l'entretien clinique à visée diagnostique de psychopathologies et sont les seuls à pouvoir prescrire des médicaments. Certains psychiatres ont aussi une formation psychanalytique, mais en règle générale, peu de psychiatres font de la psychothérapie.
Les psychologues ont suivi un enseignement universitaire de psychologie avec une spécialité qui peut être clinique (psychopathologie), ou n'avoir rien à voir avec la santé mentale (psychologie sociale, cognitive, développementale, organisationnelle, etc.). Certains psychologues ont également une formation psychanalytique, mais tous ne sont pas formés en techniques psychothérapeutiques.
En France, le titre de psychothérapeute est réservé aux psychologues ou aux psychiatres recouvre des compétences techniques très diverses (thérapies corporelles, thérapies cognitives et comportementales, analyse transactionnelle, gestalt, psychodrame, thérapie familiale systémique, hypnose, EMDR...).
Les psychanalystes travaillent sur la découverte de l'inconscient et de ses modes d'expression (symptômes, somatique, rêves, scénarios de répétition...), reposant sur les structures du langage. La formation pour devenir psychanalyste est réglementée par l'Association internationale de psychanalyse (IPA) et ces organisations constituantes. Un psychanalyste peut ne pas avoir une formation de psychiatre ni de psychologue, et le titre de psychanalyste n'est pas réglementé par l'État français. Les psychanalystes suivent généralement une triple formation: un cursus théorique (diplôme universitaire de 3e cycle), une formation de psychopathologie et une expérience clinique, et leur propre analyse suivie d'une formation théorique à la psychanalyse de type freudienne, lacanienne ou jungienne. Ils accomplissent un travail continu de recherche, et ont mis en place un contrôle de leur pratique.
Qui doit-on consulter?
En fonction du trouble dont vous souffrez, il est bon d'avoir quelques notions du degré d'urgence et de gravité qu'un professionnel sera plus à même de traiter selon le type de traitement. Le choix de l'approche thérapeutique et du professionnel dépend de plusieurs facteurs:
- Le contexte clinique et le type de pathologie
- Le degré de gravité des symptômes
- La nécessité ou non d'un traitement pharmaceutique
- Les capacités d'introspection du patient
- Les objectifs personnels et la qualité de lien relationnel avec le thérapeute
- Les critères économiques
De nombreux patients souffrant de troubles psychiques courants passent d'abord par la case du médecin généraliste. Certains généralistes ont tendance à prescrire des médicaments d'emblée (antidépresseurs, anxiolytiques), alors que d'autres orientent les patients vers un psychiatre ou parfois vers un psychothérapeute. Malheureusement, les généralistes ne sont pas toujours les mieux placés ou les mieux renseignés sur les thérapies ou sur les compétences des professionnels exerçant la psychothérapie.
Il est utile de rappeler que seuls les médecins généralistes ou les psychiatres sont autorisés à prescrire des médicaments.
D'une manière générale, les troubles de la personnalité, les psychoses (e.g. schizophrénie), les troubles graves de l'humeur (pensées ou actes suicidaires, dépressions graves) et les troubles de l'alimentation (anorexie, boulimie, etc.) devraient être initialement adressés à un psychiatre, qui le cas échéant décidera du traitement à suivre et de référer le patient à un psychothérapeute spécialisé ou un psychanalyste.
Les cas moins graves de troubles de l'humeur, d'anxiété ou de mal-être généralisé, ainsi que les problématiques de type obsessionnelles ou phobiques, le deuil, ou les problèmes relationnels (couple, famille, travail) seront parfois mieux abordés par un psychologue clinicien ayant une formation aux psychothérapies comportementales (TCC) ou un psychanalyste. Le cas particulier des troubles de l'alimentation sera mieux traité par un psychothérapeute spécialisé avec une formation en nutrition.
En ce qui concerne l'aspect économique, il est important de savoir que la Sécurité sociale ne prend en charge que les consultations auprès de médecins psychiatres, et dans certains cas (et dans certaines limites de remboursement), auprès d'un psychologue conventionné. Il est donc préférable de se renseigner avant de consulter. Les séances de type analytique ne sont généralement pas remboursées, à moins d'être prises en charge par une mutuelle privée.
Le choix de la thérapie
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont généralement plus brèves et ont une approche plus pragmatique, plus didactique et moins analytique. Le but de ces thérapies brèves est de traiter les symptômes d'une souffrance sur une durée relativement courte. Contrairement aux thérapies de type analytique, ces thérapies s’intéressent plus à la manière dont un problème va être résolu plutôt qu'à ses causes et origines, la priorité étant donnée à soulager la souffrance.
Le counseling est un terme difficilement traduisible en français, mais qu'on peut associer à l'idée de soutien psychologique. Il répond aux besoins de ceux qui cherchent une aide psychologique ponctuelle pour résoudre dans un temps relativement bref des problèmes qui ne ressortent pas forcément d'une pathologie. Ces problèmes peuvent être liés à un contexte relationnel spécifique avec lequel vous devez composer et pour lequel vous être contraint de vous adapter sans vous y sentir préparé.
Entre les approches de type cognitives et comportementales et les thérapies analytiques, la différence est moins dans le contexte clinique que dans l'approche, la philosophie et la finalité: Les thérapies de type analytique (la psychanalyse ou la thérapie psychodynamique) s'effectuent sur une durée plus longue, et ont pour objet de traiter les origines mal-être que chacun peut rencontrer un jour dans sa vie. Selon les personnes et les circonstances, ce mal-être peut se manifester dans le domaine psychologique, somatique, existentiel, affectif, sexuel, relationnel ou social.
La psychanalyse demande un engagement de temps, d'argent et des capacités d'introspection de la personne qui ne sont pas toujours à portée de tous. Depuis quelques années se sont développées de nouvelles techniques thérapeutiques sous l'appellation de psychothérapie psychodynamique (également appelée psychothérapie psychanalytique). Ces techniques sont encore peu connues et peu pratiquées en France, mais sont beaucoup développées dans les pays anglo-saxons et ont fait l'objet de nombreuses études de recherches qui ont démontré leur efficacité. La psychothérapie psychodynamique est une thérapie brève qui partage avec la psychanalyse les mêmes repères théoriques, mais qui assouplit le cadre et la méthode thérapeutique. En thérapie psychodynamique, le thérapeute aide le patient dans son introspection à analyser et interpréter les conflits inconscients réactivés au cours de la thérapie, tout en intervenant davantage qu'en psychanalyse. Cette technique vise surtout l’amélioration symptomatique dans un cadre clinique plus précis, mais elle peut aussi contribuer à un changement profond et durable du bon fonctionnement psychique.
L'importance du relationnel
Il est fondamental de comprendre qu'en psychothérapie l'aspect relationnel et la qualité d'écoute, d'empathie, ainsi que la manière dont s'établit le rapport de confiance entre patient et thérapeute sont sans doute les facteurs les plus importants dans le choix d'un psy, et cela indépendamment du titre professionnel, des compétences et du parcours académique de la personne que vous consultez.
La qualité du contact initial, le sentiment de confiance et de professionnalisme qui en découle, et l'intuition que l'on peut avoir dès la séance préliminaire ou les premières consultations représentent bien souvent un meilleur critère de jugement que le C.V. ou le titre de la personne qui est en face de vous.
Autrement dit, soyez à l'écoute de votre intuition, et informez-vous des modalités et des principes qui sont propres aux différentes thérapies pour essayer de comprendre ce qui peut vous le mieux convenir.
La thérapie demande un engagement émotionnel important, et l'aspect relationnel avec le thérapeute est pour cela fondamental. Faire l'essai de quelques séances permet d'avoir un ressenti personnel plus fiable que se fier simplement à l'opinion d'un tiers ou l'avis d'un médecin.
Analyse ou pas?
Si vous sentez que l'origine de votre mal-être, de votre dépression, de vos difficultés relationnelles ou de votre anxiété a des origines anciennes et des causes que vous souhaiteriez comprendre, sachez que le traitement psychanalytique apporte du sens aux souffrances psychiques qui empêchent d’avancer. La cure analytique permet au patient capable d'introspection de modifier le rapport qu’il entretient avec son histoire de vie et ses désirs enfouis, qui sont la visée première du praticien lors des séances.
Trouver le bon psy, c'est avant tout trouver celui avec lequel on se sent bien. Mais la réciproque a ses limites: ne pas avoir le feeling avec l'un n'en fait pas un mauvais professionnel. En revanche, ce n'est pas parce qu'un analyste est empathique que c'est un bon analyste. Plus prosaïquement, selon le psychiatre français Serge Tisseron, il vaut mieux choisir un psychanalyste d'un certain âge, car "les jeunes psys ont besoin d'argent, donc, ils acceptent trop de patients... Traditionnellement, les psychanalystes recevaient trois fois avant de démarrer ou non l'analyse. Ça ne se fait plus et c'est dommage".