Face à un choix, nombreux sont ceux qui ressentent cette sensation inconfortable : le doute qui s'insinue et murmure : « Et si c'était la mauvaise décision ? » Cette hésitation est commune, mais elle peut devenir paralysante.
L'incertitude n'est pas notre ennemie. Elle est le terreau de la vie. Chaque grande aventure, chaque percée, chaque moment de croissance vient du fait de s'aventurer dans l'inconnu. Mais pour beaucoup d'entre nous, cette prise de risque ressemble à un saut dans le vide. Pourquoi ? Parce que nous avons été conditionnés à croire que la certitude équivaut à la sécurité.
Nous exigeons des garanties dans un monde qui n'en offre aucune et nous nous retrouvons ainsi paralysés. Nous nous figeons alors. Nous réfléchissons trop. Nous restons coincés dans ce que j'aime appeler la « boucle de la paralysie par l'analyse ».
Le schéma typique
Ça se passe à peu près comme ça :
- Faire face à une décision
- S'inquiéter de faire le mauvais choix
- Rassembler plus d'informations
- S'inquiéter de ne pas avoir assez d'informations
- Répéter les étapes 3 et 4 jusqu'à épuisement
- Éviter complètement de prendre une décision
Cette boucle est la zone de confort des indécis chroniques. Cette boucle, bien que rassurante en apparence, est un piège qui entrave l'épanouissement personnel.
Commençons par recadrer notre façon de penser aux décisions. Ce ne sont pas des jugements définitifs. Ce sont des expériences. Chaque choix est une étape dans notre laboratoire personnel de la vie. Certaines expériences donneront des résultats étonnants. D'autres échoueront spectaculairement. Les deux résultats sont précieux, car ils nous apprennent quelque chose.
Ensuite, nous devons embrasser le pouvoir du « assez bien ». La quête de la perfection est un mythe paralysant. Au lieu de viser la décision parfaite, visons une décision qui nous fait avancer en ayant conscience qu'il est toujours possible d'ajuster le cap en cours de route.
L'indécision, une forme d'anxiété
Il faut reconnaître l'anxiété, cette voix intérieure qui met en garde contre les catastrophes potentielles, mais ne pas la laisser prendre le contrôle. Elle cherche à protéger, mais il faut lui rappeler doucement que nous sommes capables de gérer les conséquences de nos choix.
Une stratégie efficace consiste à se fixer des échéances pour prendre des décisions. Après un temps de réflexion et de collecte d'informations raisonnable, il faut s'engager à faire un choix à une date précise, sans possibilité de report. Un autre outil puissant ? La technique du « moi futur ». Imaginez-vous dans un an. Que voudrait faire cette version de vous maintenant ? Souvent, notre futur moi a une perspective plus claire que notre moi actuel, rongé par l'anxiété.
Rappelez-vous que l'indécision est une décision en soi. C'est le choix de l'immobilisme. Bien que cela puisse sembler être un choix sécurisant, c'est en réalité le plus risqué. Parce que la vie n'attend pas. Les opportunités ne font pas de pause. Le monde continue de tourner, avec ou sans vous. Et lorsque vous ne faites pas de choix, c'est celui des autres qui s'impose à vous, et le résultat risque fort de vous déplaire.
Un jour prochain, la personne que vous espérez devenir rencontrera celle que vous êtes devenu. Comment va se passer cette réunion ?
Alors, quelle est l'alternative ? Cultivez l'habitude de passer à l'action. Vous disposez de la capacité décisionnelle. Cela implique que vous êtes responsable de l'utiliser.
Commencez progressivement si vous en avez besoin. Décidez ce que vous mangerez pour le déjeuner. Choisissez une nouvelle route pour vous rendre au travail. Prenez un livre que vous vouliez lire depuis longtemps. Chaque décision, aussi petite soit-elle, est une victoire sur l'inertie.
En vous exerçant à prendre des décisions, vous développerez ce que j'appelle votre « muscle de la prise de décision ». Comme tout muscle, plus vous l'exercerez, plus il sera développé. Plus vous l'exercez, plus la prise de décision devient facile.
Pour les décisions importantes, le principe reste le même : s'informer, réfléchir, puis prendre une décision. Il n'existe pas de choix parfait, seulement celui que l'on fait et la façon dont on l'exécute par la suite.
Dans ma pratique, j'ai vu des gens transformer leur vie en adoptant cet état d'esprit. La sur-penseuse chronique qui a finalement lancé son entreprise. Le célibataire perpétuel qui s'est engagé dans une relation. L'artiste en herbe qui a quitté son travail pour poursuivre sa passion. Étaient-ils certains ? Non. Avaient-ils peur ? Absolument. Mais ils ont choisi d'agir quand même.
Le modèle décisionnel de Jeff Bezos
Jeff Bezos a pris la décision de créer Amazon en utilisant le « Cadre de minimisation des regrets », un outil pour surmonter l'indécision et faire des choix audacieux.
Ce cadre l'a aidé à surmonter l'incertitude liée à l'abandon d'une carrière stable à Wall Street pour donner vie à sa vision d'une librairie en ligne.
- Il s'est projeter dans l'avenir: Il s'est imaginé à l'âge de 80 ans, en train de faire le bilan de sa vie.
- Il s'est demandé quelle décision il regretterait le plus : ne pas avoir essayé de créer une entreprise en ligne ou être resté dans un emploi confortable.
- Il s'est rendu compte qu'il regretterait de ne pas avoir pris de risque et d'être passé à côté du potentiel d'Internet.
Pour faire face à l'indécision, Bezos a eu recours à plusieurs stratégies :
- Classer les décisions en deux catégories : les choix réversibles et irréversibles. Pour les décisions réversibles, il préconise d'agir rapidement et d'en tirer les leçons.
- Adopter une approche fondée sur les informations factuelles, tout en faisant confiance à son intuition.
- Fixer des délais pour les décisions importantes afin d'éviter la paralysie de l'analyse.
- Accepter l'échec : l'échec est un élément nécessaire à l'innovation et à l'apprentissage, ce qui aide à réduire la peur de prendre une mauvaise décision.
Cette perspective lui a permis de surmonter les craintes et les incertitudes à court terme liées à la création d'une nouvelle entreprise.
La clé se trouve dans l'action
Et c'est la clé. L'action engendre la clarté. Le mouvement crée l'élan. Les décisions ouvrent des portes dont on ne soupçonnais même pas l'existence.
Face à la prochaine décision, il faut se rappeler que l'on est résilient, capable de s'adapter et de naviguer dans l'incertitude. Il faut se faire confiance, prendre la décision, puis passer à l'action. Parfois il est utile de se poser la question: quel est le pire scénario qui puisse arriver? Comment pourrais-je y faire face?
Une vie vécue de manière décisive est une vie pleinement vécue.
Elle peut être désordonnée, imprévisible, mais elle est indéniablement riche et épanouissante.