Psychanalyse
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Les principes de la thérapie analytique

Les grandes lignes de la thérapie analytique et en quoi elle diffère de la thérapie cognitive et comportementale.

Auteur:
Claude Lefort
2024-12-15
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C'est dans sa plus noble intention que la thérapie cherche à rendre la personne plus entière, à lui offrir la possibilité de vivre plus intensément, avec liberté et authenticité.

Nombreux sont les praticiens qui ont été formés par des enseignants qui, ne sont ni cliniciens, ni suffisamment ancrés dans la pratique thérapeutique. Ils transmettent ainsi des idées théoriques et parfois superficielles de ce qu’est la psychothérapie, ce qui réduit la vision que se font les étudiants de ce champ complexe.

Ce qui amènent les gens à la psychothérapie sont généralement la dépression ou l'anxiété, ce sont les équivalents psychologiques de la fièvre car ce sont des réponses symptomatiques non spécifiques à une énorme gamme de problèmes sous-jacents. Donc presque tous les patients franchissent la porte avec de l'anxiété ou de la dépression ou un mélange des deux et c'est le point de départ, c'est comme la manifestation superficielle de quelque chose qui ne va pas.

On distingue deux grandes approches en thérapie.

D’un côté, les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ciblent des problèmes spécifiques avec des méthodes précises et des objectifs clairs, guidées par une approche didactique qui décrit presque chaque étape.

D’autre part, les thérapies analytiques ne suivent pas ce modèle directif ; elles visent à révéler, avec le patient, des vérités cachées. Ici, il ne s’agit pas d’un enseignement, mais d’une co-découverte, d’une expérience émotionnelle vécue au sein de la relation thérapeutique. On explore ensemble les émotions, on met des mots sur des affects restés jusque-là muets, souvent ignorés.

Dans ce travail, on découvre que l’humain est expert dans l’art de refouler, d’éviter ce qui le fait souffrir. Ces esquives, ces murs qu’il érige, sont des signes de défense. Le rôle du thérapeute est alors de comprendre ces barrières : pourquoi sont-elles là, comment se sont-elles construites, pourquoi à cet endroit précis ? Faire émerger cette conscience permet à la personne de voir les processus d’évitement à l’œuvre et de peut-être, un jour, s’en libérer.

La vie intérieure de chacun est parsemée de thèmes récurrents et de schémas répétitifs qui souvent entravent et empoisonnent. En thérapie analytique, on écoute ces thèmes, même quand le patient lui-même en est inconscient. Parfois, le patient raconte son histoire sans percevoir la boucle dans laquelle il est enfermé, mais le thérapeute, lui, peut l’entendre.

Comprendre le présent est difficile si l’on ignore comment le passé nous y a conduits. En thérapie, l’intérêt pour le passé n’est pas de s’y attarder, mais de libérer le patient de ses chaînes, de lui permettre de ne plus répéter des schémas douloureux, souvent autodestructeurs.

Ce que nous sommes s’est construit dans le tissu de nos relations, en premier lieu avec nos parents, nos frères et sœurs. Montrez-moi quelqu’un en souffrance, et je vous montrerai une personne qui rencontre des difficultés dans ses relations, car le problème psychologique est souvent une manifestation de blocages relationnels ou bien il empêche d’entrer en relation. Il est impossible de dissocier le problème de son contexte relationnel.

La relation entre le patient et le thérapeute devient alors le miroir des dynamiques relationnelles plus larges de la personne. En thérapie analytique, tous les aspects de l’âme humaine peuvent être explorés sans tabous. C’est un processus très différent des thérapies basées sur des objectifs précis, où le thérapeute sait d’avance ce qui est censé être important pour le patient et semble détenir les réponses à ses maux.

Finalement, l’élément le plus crucial pour la réussite d’une thérapie, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’alliance thérapeutique – autrefois nommée « alliance de travail ». Cette alliance ne repose pas sur un confort constant entre le thérapeute et le patient. Au contraire, elle s’éprouve dans les moments où le patient est libre d’exprimer ses sentiments les plus négatifs, qu’il s’agisse de colère, de mépris ou de haine, sans craindre d’être jugé ou infantilisé, que le patient peut s’ouvrir véritablement au thérapeute.